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La ville de Rio est entrée dans l'histoire quand elle a remporté sa candidature pour les Jeux Olympiques de 2016, devenant ainsi, la première ville sud-américaine à accueillir les Jeux. Une opportunité pour le Brésil à prouver la capacité d'un pays émergent à accueillir un événement sportif mondial d'envergure.

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Les Jeux Olympiques ont eu lieu du 5 au 21 Août 2016, soit 16 jours de compétition, pour lesquelles il a fallut 7 ans de préparation continue et de travail acharné. Une fois les festivités terminées et les athlètes repartis, que reste-il qui puisse bénéficier au pays, à la ville et aux Cariocas ? 

On parle d' « héritage olympique », mais qu'est-ce qu'a réellement hérité Rio de Janeiro ?

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Les J.O. en chiffres

Avant de développer ce chapitre, une petite rétrospective. Les Jeux Olympiques de Rio ont représenté :​

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L'héritage du projet

85.000

25.000

17.000

206

500.000

11 milliards

Nombre de personnes déployées pour assurer la sécurité pendant les Jeux.

Nombre des journalistes chargés de couvrir l'événement.

Nombre d'athlètes et de membres de délégations qui participent aux Jeux.

Nombre des pays représentés

Nombre de touristes présents pour l'événement.

Ce que devrait coûter les J.O. à terme. Une facture bien au dessous de celles des J.O. d Pékin (30 milliards) en 2008, et celle des Londres (10 milliards) en 2012.

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Héritage environnemental

Ville de Rio de Janeiro

Les enjeux environnementaux ne semblent pas avoir été tenus. Les médias en ont beaucoup parlé durant la durée des Jeux : « la pollution de la baies et lagunes ont atteint des taux record » mettant en danger la santé des athlètes. Toujours selon l'écologiste Sergio Ricardo : « on aurait pu parler d'un véritable héritage pour Rio, mais la baie a juste été utilisée pour vendre la compétition, car ni le comité ni les autorité n'ont sérieusement envisagé de la dépolluer ».

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En 2009, date d’attribution des Jeux olympiques au Brésil, les pouvoirs publics prévoient d'investir 4 milliards de dollars pour nettoyer 80% des eaux usées s’écoulant dans la baie. Finalement, seulement 170 millions ont été utilisés à cet effet, en raison de la crise budgétaire importante. Selon nos lectures de la presse mondiale, « une bonne partie de l’argent investi a servi à acheter des bateaux pour récupérer la boue et les débris flottants. Une mesure purement cosmétique, selon Stelberto Soares, un ingénieur municipal. Il déclare au New York Times que les cadavres et canapés ont beau être ramassés, cela ne changera pas la prolifération de virus et bactéries dans les boues d’épuration » (Le Temps, 2016). Aussi, sur 35 stations d'épurations et les 85 pompes prévues pour le nettoyage de la baie de Guanabara. seulement trois pompes et deux stations étaient en fonctions, alors que le tout a été financé par des donateurs privés, toujours selon l'ingénieur Stelberto Soares.

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Les enjeux environnementaux n'ont pas été tenu concernant le nettoyage des eaux, mais les pouvoirs publics sont allés plus loin en rasant une réserve 

écologique pour faire place à un terrain de golf dans le quartier de Barr da Tijuca.

Héritage environnemental au niveau du parc olympique de Barra

Parc olympique de Barra

Tel que l’écrit McHarg dans Design with nature (1969), il est important de composer les aménagements avec la nature, selon la sensibilité des lieux pour déterminer les zones à conserver. En ce sens, la bande riveraine du parc olympique de Barra a été conservé avec quelques aménagements piétons afin d’en faire un parc linéaire naturel. Toutefois, les zones marécageuses qui devaient être conservées ont été transformées en surface asphaltée pour le jeux olympiques. Le plan d’ensemble pour 2030 prévoit réduire abondamment ces surfaces imperméables pour les transformer en espaces verts ou pour de futures constructions. Ces espaces viennent ponctuer le site d'îlots de fraîcheur, notamment par la végétalisation et l’ombre naturelle qu’ils procureront. Par contre, l’emplacement de certains d’entre eux suggèrent qu’ils seront peu utilisés à cause de leur distance avec les milieux de vie et donc pourraient être une source d’insécurité, surtout en période de faible fréquentation (Jacobs, 1961). Toujours selon cette auteure, les espaces verts qui rencontrent un succès notable sont rarement en concurrence avec d’autres. Donc, par leur grand nombre, les  espaces verts sans usage ou qualité précise risquent d’être moins fréquentés.

En matière de gestion des eaux, une station d’épuration est prévue ainsi que plusieurs bassins de rétention. Toutefois, dans les zones résidentielles, aucun dispositif à préoccupation écologique ne semble avoir été prévu. Par exemple, il pourrait être bénéfique d’ajouter des bandes de percolation en bordure de rue, ou encore d’utiliser des matériaux poreux (tel que du pavé alvéolé) lorsque possible pour faciliter l’infiltration des eaux pluviales dans le sol. Au niveau du bâti, il pourrait y avoir des toitures végétalisées ou encore des jardins de pluie aux abords des immeubles.

Héritage dans les transports

Les changements principaux sont en accord avec le mouvement du Smarth Growth, en favorisant principalement l’intermodalité entre les différents modes de transport.

 

Le VLT

Le VLT reliera la zone portuaire au centre à l’aéroport Santos Dumont à l’Est de la ville. Il reliera également le centre au quartier de Barra da Tijuca dans la banlieue Ouest de la ville, offrant plusieurs possibilités d’intermodalité avec les réseaux de BRT et de bus classiques. Le VLT s’étend sur 28 km de long et dessert 300.000 passager par jour.

 

BRT Transolímpica et Transoeste

C’est le réseau de Bus Rapid Transit, qui relie le parc olympique de Barra da Tijuca aux différents complexes olympiques dans la ville. Il transporte 70.000 personnes par jour. On prévoit de réduire 80% du trafic grâce à ces installations. Ajouté à cela, le réaménagement de différentes rues et avenues en consacrant une voie spéciale aux BRT, rend le flux des transports beaucoup plus rapide avec des gains de temps considérables pour traverser la ville d’Est en Ouest.

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Les rénovations urbaines engendrées par les différents aménagements permettent également l’intégration de voies cyclables. La principale traverse l’avenue de l’Embaixador Abelardo Bueno.

Héritage urbain : l’intégration du  quartier de Barra dans son contexte

En complémentarité de l’analyse du quartier de Barra lui-même, il est important d’examiner comment il s’inscrit dans la ville et comment celle-ci, par son histoire, sa fonction ou sa signification sociale peut influencer le nouveau quartier afin de comprendre si le nouveau développement peut contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des résidents de Rio.

 

D’abord, cela peut renvoyer à la notion de l’imagibilité de la ville par Kevin Lynch qui est l’image collective créée par un nombre d’images individuelles et significatives, et donc que l’urbanisme, par la forme, peut renforcer cette signification. Toujours selon Lynch, la ville est formée de cinq éléments interagissant entre eux : les voies, les limites, les noeuds, les points de repères et les quartiers. Comme les quatre premières notions ont été préalablement analysées avec Bentley, nous nous intéresserons alors à celle de quartier pour appréhender l’intégration du  nouveau quartier à l’échelle de la ville.

 

Les quartiers sont des zones reconnaissables, de l’intérieur et de l’extérieur, et ayant des  qualités internes propres.  Ils se délimitent entre eux par des frontières de différentes sorte. Dans le cas du quartier olympique de Barra, il se délimite de manière précise par l’avenue embaixador abelardo bueno qui le délimite au nord, servant de borne. Toutefois, c’est sa forme triangulaire et la présence de la lagune qui l’entoure qui le distingue et lui donne identité paysagère notable. Cette forme particulière se ressent dans le réseau viaire et le découpage d’îlots qui s’en trouve angulé. Comme la majorité des quartiers de Rio, le nouveau projet d’aménagement sera très contrasté en lui-même tant au niveau des fonctions (résidentielles, institutionnelles, commerciales et de loisirs) que des types de bâti. En effet, l’échelle du bâti est très variée et contrastée, allant de bloc résidentiel de quatre étages à des tours de condominiums de plusieurs dizaines d’étages.

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Selon Jacobs, un quartier de qualité est un quartier accueillant une grande variété et selon elle, la variété est définie par les fonctions, les ilots, le bâti et la population locale. D’abord, le quartier doit être plurifonctionnel afin que les rues soient très fréquentées. Cela contribue non seulement à la viabilité des commerces et services, mais également à l’animation de la rue et à la sécurité des lieux. Malheureusement, bien que le secteur abrite plusieurs types d’activités, la monofonctionnalité des îlots va à l’encontre de ce principe.

Héritage social et bâti : Barra dans la rue

D'après les chiffres, on dénombre un total de 20.000 familles relocalisées depuis 2009, et malheureusement, 2500 résidents tués lors des affrontements avec les forces de police, dite pacificatrice. Les rues et les trottoirs sont au cœur de l’espace public et indispensables à un bon fonctionnement urbain. Indispensables, tant qu’ils sont en relations cohérentes avec les autres éléments de la ville. Ils peuvent ainsi améliorer la sécurité des espaces publics. La relation entretenus avec le bâti adjacent influence directement la qualité urbaine. Selon Jane Jacobs, les rues doivent remplir trois conditions pour contribuer à la sécurité de l’espace public :

 

Premièrement, les espaces publics et privés doivent être clairement départagés. En ce sens, le principe des “résidences fermées” en groupement d’îlots peuvent contribuer à créer une limite claire. Par contre, cela crée des îlots strictement monofonctionnels, ce qui va à l’encontre de la troisième condition de Jacobs.

 

Deuxièmement, il doit y avoir des “yeux dans la rue”, c’est à dire des façades fenestrés sur la rue invitant les  usagers à regarder l’espace public. Pour que cette surveillance naturelle se fasse efficacement, les rues doivent accueillir beaucoup de lieux publics et une mixité d’usages favorisant un flot continuel de personnes, à toute heure du jour et à tous les jours de la semaine. L’animation ainsi créée devient un attracteur en elle-même invitant plus de gens. Au contraire, la non-fréquentation des lieux peut engendrer un sentiment d’insécurité chez les usagers, qui est un enjeu de taille à Rio.

 

La troisième condition est en ce sens, c’est-à-dire que les rues et les trottoirs devraient être fréquentées continuellement pour augmenter le nombre de regard en action.  Le secteur olympique de Barra ne peut répondre aux deux dernières conditions à cause de l’homogénéité des fonctions par îlots et zones. La séparation nette entre l'activité commerciale et résidentielle réduit donc grandement le potentiel d’animation de l’espace public alors que les barrières vers les zones privés peuvent augmenter le sentiment d’insécurité en affirmant le besoin de se protéger de l’espace public et donc des gens qui s’y trouvent. Cela contribue aussi à la ségrégation sociale, en intériorisant les îlots.

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En  bref

Bien que les jeux olympiques aient apporté un lot de bénéfices au niveau municipal, par les infrastructures de transports par exemple, ils ont eu également des effets néfastes importants.  Effectivement, la construction du réseau de SRB et des installations olympique ont provoqué l’expropriation de 20 000 familles, un coût social non négligeables.

 

Au niveau du quartier olympique, le projet ne présente pas des dispositifs nécessaires à l’amélioration du contexte socioéconomique actuel de Rio. Bien que la zone ouest soit plus prometteuse que la partie est en terme de qualité urbaine, tant au niveau de la forme des ilots, du bâti et de la perméabilité et de l’espace public. Malheureusement, le projet proposé tend à contribuer à la ségrégation sociale et à la sécurité dans les espaces publics, deux problèmes de taille à Rio.

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Ensuite, les ilots devraient être de petites dimensions afin de favoriser une meilleure perméabilité et pour augmenter le nombre de croisements et d’augmenter les possibilités pour l’utilisateur. Cette idée est en cohérence avec la variété dans les voies que propose Bentley, par l’augmentation des choix offerts. Les ilots résidentiels proposés pour le plan de 2030 incluent des chemins piétons qui les traversent, mais l’aménagement de grilles pour les privatiser vont y faire obstacle. L’espace auquel l’intérêt est porté est donc la rue.

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Le critère du succès pour un quartier urbain, c’est que l’individu se sente en parfaite sécurité dans les rues, au milieu de tous ces inconnus. Un quartier qui ne répond pas à ce critère de sécurité présente d’autres faiblesses et devient générateur d’une foule de problèmes, à l’intérieur et à l’extérieur de ses limites. 

- Jane Jacobs

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